Article de Georges FOTINOS "Qualité de vie et confiance à l'école"

QUALITE DE VIE A L'ECOLE
Personnels et Elèves
Confiance et réussite
Georges Fotinos

CADRE DE LA PROBLEMATIQUE
Depuis plusieurs années les résultats des recherches internationales sur ce domaine (Allemagne, Australie, Finlande, Canada, Angleterre, OCDE), mais aussi françaises convergent et montrent que la relation entre bien être de l’élèves et performances académiques est « robuste et moins dépendante du milieu extérieur qu’affirmée. « Ceux qui se sentent bien et heureux à l’école, quel que soit leur contexte de vie ont des meilleurs résultats que ceux ayant un faible niveau de bien-être à l’école ».
« De même les scores de réussite scolaire et la satisfaction de vie à l’école sont significativement et positivement corrélés ».
« Dans le même sens toutes les études sur le climat scolaire
qui intègrent la qualité de vie à l’école confirment la relation positive entre performance scolaire, comportement, et bien-être ».
(Qualité de vie et performances scolaires CNESCO 2017).

D’autre part de récentes études notamment de l’OCDE, indiquent que la qualité de vie au travail des enseignants est corrélée à celles des élèves. Cette interaction repose principalement sur la perception qu’ont les enseignants des élèves, mais aussi sur leur vécu, leurs conceptions pédagogiques et la force de leur vocation.

La situation en France
La situation récente de l’école en France peut être appréciée par ces quelques chiffres significatifs :

1 enseignant sur 2 souhaite changer de métier, 1 enseignant sur 2 ne recommanderait pas son métier à ses enfants, 1enseignant sur 3 pense souvent quitter la classe, 1 chef d’établissement sur 2 estime qu’il n’est pas soutenu par sa hiérarchie, 6 directeurs d’école sur 10 sont en épuisement professionnel, 1 directeur sur 4 indique qu’il est « ostracisé » par une partie des personnels de l’école*.

Réussite des élèves : lecture en CM1 Etude Pirls France 34ème sur 35 (pays européens) ; Mathématiques et Sciences CM1 Etude Timss 22ème sur 22 (pays européens). Inégalités scolaires dans les pays riches France 35ème sur 37 (Unicef). A souligner que près d’1 élève sur 2 ne maîtrise pas le français et 3 élèves sur 4 les mathématiques dans les collèges les moins favorisés (Pisa).

Les résultats des recherches et études précitées offrent une façon différente d’aborder la question lancinante et récurrente du « comment endiguer cette lente dégradation » mais aussi permettent de dégager les pistes et les moyens locaux afin d’améliorer le fonctionnement du « moteur de notre système éducatif » : l’établissement scolaire.

Pour ce faire, au-delà de la nécessité de prendre en compte l’évolution des caractéristiques structurelles de l’organisation de l’école et de ses enseignants, apparaît « l’ardente obligation » d’établir ou de rétablir ce qui fonde le fonctionnement harmonieux, équilibré et efficace de chaque établissement : le « bien vivre ensemble »


Dans ce but une action liminaire s’impose sous peine d’échec probable : créer les conditions promouvant comme levier du changement la qualité des relations entre les différents acteurs, usagers, partenaires de l’école. Qualité fortement fondée sur une confiance et un respect réciproques entre tous ces membres.

Des outils de changement
Se pose dès lors la question essentielle du « comment faire ». Le bon sens et des méthodologies éprouvées conduisent d’abord à « connaître et reconnaître le terrain » en un mot établir une
« cartographie
» sur l’état des relations individuelles et collectives entre les membres de cette micro société qu’est l’Ecole.

A la lumière de l’expérience et des résultats enregistrés plusieurs outils pratiques et opératoires répondent à cet objectif. Il s’agit principalement de trois enquêtes portant sur :

L’arbre de confiance (TrustInside) qui présente les principaux facteurs constitutifs de la confiance en identifiant les axes au niveau de progrès au niveau individuel, d’un groupe (enseignants, élèves, parents) ou d’un large collectif. Les premiers résultats montrent notamment un lien significatif sur le climat scolaire et la conscience de son potentiel par l’élève ;

La Qualité de Vie au Travail (Men/Mgen) qui considère que la QVT ne dépend pas seulement des conditions pratiques et matérielle de l’exercice du métier, mais est aussi très liée aux relations professionnelles (hiérarchie, collègues, élèves, parents), à la considération de leur métier, au sentiment de son accomplissement ainsi qu’au degré de l’engagement.

La qualité de vie des élèves (Men/Igen) qui est composée bien sûr des caractères de l’établissement (situation sociogéographique, organisation, gestion du temps, climat scolaire) mais aussi par la qualité des relations avec les adultes et les pairs, les méthodes pédagogiques, le sentiment d’appartenance, le degré d’autonomie et de citoyenneté.

Ce type de démarche privilégiant l’individu, sa capacité à innover et à se réaliser dans un projet collectif qui s’intègre dans les grandes valeurs de la République, repose in fine pour l’Education nationale sur une autre gestion des ressources humaines fondée sur la proximité, la reconnaissance des compétences et la prise en compte de l’évaluation collective comme élément de progrès.

La réflexion et les outils proposés en sont les prémices. A vous, membres de la communauté éducative de les faire vivre.

*Sources :
Rapport du médiateur de l’Education nationale (2016). Portrait des enseignants du 1er degré (Men/Depp 2006) ; La qualité de vie de vie au travail dans les Lycées et Collèges Georges Fotinos Mario Horenstein Men/ Mgen/Casden ; Baromètre UNSA /Education 2018 ; Le moral des chefs d’établissement Mgen, casden Georges Fotinos 2008,2017 ; Le moral des Directeurs d’école, Georges Fotinos Casden 2018.

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